Couverture - Les robots mobiles au service du transport d'endoscopes

Témoignage : Les robots mobiles au service du transport d'endoscopes

A travers cette interview de Tony PERLEMOINE, Responsable projets logistiques au CHU de Nantes, vous découvrirez tout le déroulé du projet de robots mobiles autonomes au sein du CHU de Nantes, du besoin initial au retour d’expérience.

M. PERLEMOINE a pour mission principale la gestion des flux du nouvel hôpital qui devrait voir le jour en 2027. Pour cela, il doit faire face à de nombreux défis :

  • Anticiper les déplacements et transports entre la base arrière logistique et le futur hôpital qui seront distants de 2 km.
  • Repenser l’organisation de la plateforme logistique afin de répondre aux enjeux du nouvel hôpital.
  • Etudier et mettre en place l’ensemble de l’organisation logistique à l’intérieur du nouvel hôpital.

En effet le projet du nouvel hôpital de l’île de Nantes repose sur une conviction forte : il doit être pensé pour offrir les meilleures conditions de prise en charge au patient et
pour améliorer les conditions de travail du personnel.

Quelques chiffres pour présenter le CHU de Nantes ?

« Il est le 7ème Centre Hospitalier Universitaire de France avec en moyenne par jour :

  • 2 680 consultations;
  • 11 naissances;
  • 119 interventions chirurgicales;
  • 336 passages aux urgences. »

Quel était votre problématique et votre besoin initial ?

« Il y a de cela 10 ans, la direction du CHU de Nantes a décidé de professionnaliser la gestion et le traitement des endoscopes en passant de 7 centres à un unique centre de désinfection. L’objectif étant d’améliorer la qualité du traitement de ceux-ci. 

Une problématique s’est alors créée : Comment livrer les endoscopes aux différents services ? 

Nous avions donc besoin d’une solution capable de naviguer dans les couloirs en présence à la fois de patients, de personnel médical mais aussi de visiteurs. Nos couloirs sont également parfois exigus, certains tournent à 90° ce qui n’est pas simple. De plus pour sortir du CETRES (CEntre de Traitement et de désinfection des Endoscopes Souples) il faut obligatoirement prendre un ascenseur. Enfin, un des derniers points posant une problématique est que les personnes des services livrés n’ont pas une vue directe sur le point de livraison des robots, c’està-dire qu’ils ne voient pas le robot arriver et ne savent pas visuellement que celui-ci est arrivé. »

Quelle solution avez-vous mise en place ?

« Afin de résoudre ces problématiques il y a de cela quelques années, nous avons été contactés par une société proposant des robots mobiles autonomes. Quelques années après, nous avons été amenés à changer ces robots pour une 2ème génération, puis en avril 2021 une 3ème génération de robots mobiles autonomes avec la société Meanwhile. »

Comment cette solution a-t-elle répondu à vos attentes et vos besoins ?

« Cette technologie a su répondre à nos impératifs et nos demandes sur plusieurs points. D’abord sur la navigation : les robots se déplacent en intérieur dans un environnement ouvert au public (celui-ci est doté d’un système de détection d’obstacles). Ils sont autonomes : au-delà d’éviter les obstacles ils prennent l’ascenseur tout seul, sont capables d’ouvrir les portes motorisées et se repositionnent automatiquement sur le socle de rechargement lorsqu’ils n’ont plus de missions à effectuer. 

Ils sont capables de reprendre une mission en cours de route, par exemple lorsque celui-ci est arrêté et déplacé de quelques mètres par un membre du personnel (les robots ne sont pas prioritaires dans les couloirs). 

Ils sont agiles : au CHU la prise d’ascenseur est compliquée car l’ouverture n’est que de 77 cm. Également, l’infrastructure n’a pas eu besoin d’être modifié puisque les robots naviguent uniquement grâce à la couverture Wi-Fi du CHU. 

L’énorme avantage de cette solution est la disponibilité : elle est utilisable au besoin et à n’importe quel moment de la journée, à la demande et/ou de façon programmée. 

Les 8 à 10 heures d’autonomies sans rechargement des robots nous ont rassurés vis-à-vis du nombre de livraisons qui augmentent régulièrement et des distances à parcourir entre les différents services où sont effectuées les livraisons. En sachant que dès que le robot revient sur son socle au CETRES il se recharge sur des durées courtes mais fréquentes. »

Quels sont les avantages pour l’équipe du CETRES ?

« Auparavant, l’équipe du CETRES recevait par coursier 4 fois/jour l’ensemble des endoscopes souillés, puis le coursier repartait ensuite avec les endoscopes propres. Mais aujourd’hui tout cela se passe au fil de l’eau, l’équipe a pu lisser son activité et envoie des endoscopes à la demande.


La fiabilité du transport est également un avantage : A ce jour le CETRES livre 4 services avec la course la plus longue qui dure en moyenne 12 minutes. »

Et au niveau de la sécurité ?

« Les robots sont équipés d’une armoire sécurisée car ils naviguent au sein du CHU dans des couloirs ouverts au public. Mais également, nous voulions que l’utilisation des robots soit réservée au personnel des services livrés par les robots, nous avons donc mis en place une habilitation automatisée via la carte professionnelle (qui sert notamment à payer le self et donne accès aux vestiaires du personnel médical). Cette habilitation est ainsi donnée ou enlevée automatiquement en fonction du service et métier du personnel soignant de l’hôpital. »

Comment le robot interagit-il avec le personnel ?

« Les robots sont très simples d’utilisation : l’écran (Interface Homme Machine) est conçu sur-mesure, de façon à ce que chaque personne habilitée puisse prendre en main le robot en quelques secondes.

Également, par rapport à la problématique citée précédemment où les services livrés ne voyaient pas les robots arriver, dès que le robot arrive à une destination, il appelle sur un téléphone fixe du service livré afin de signaler sa présence. Pour le CETRES, le service a souhaité une verrine lumineuse à l’intérieur du service qui s’allume dès que le robot est arrivé.

Concernant la problématique des couloirs exigus où les brancardiers pouvaient avoir du mal à croiser les robots dans certains endroits, nous avons mis en place :

  • Une musique émise par les robots pour qu’on les entende arriver avant de les voir ;
  • Un spot qui projette, au niveau du sol, une lumière à 2m devant des robots ;
  • Un paramétrage de la vitesse (plus ou moins rapide en fonction des contraintes spatiales.)»

Pouvez-vous partager quelques chiffres sur l’utilisation du robot ?

« Avec cette solution c’est 4 destinations qui sont desservies, une moyenne de 120 endoscopes transportés par jour et à eux deux les robots parcourent environ 1 300 km/an. Avec une moyenne de plus de 100 prises d’ascenseur au quotidien. »

Le mot de la fin ?

« Au CHU de Nantes nous utilisons des robots depuis maintenant 8 ans, cette technologie a largement progressé. La différence est énorme entre nos premiers robots et nos robots actuels. Avec notre recul important nous pouvons affirmer que cette technologie est fiable et utile. La meilleure manière de savoir si celle-ci est efficace est de demander directement aux soignants et leurs retours sont aujourd’hui très positifs. 

Cette solution est fiable mais également simple d’utilisation. En un clic et moins de 30 secondes le soignant récupère son endoscope et renvoie le robot à sa prochaine destination. Aujourd’hui les robots font partie intégrante du CETRES, l’équipe ne se voit en effet plus travailler sans eux. 

La prochaine étape pour le CHU de Nantes est de lancer les études sur l’extension des services livrés par le CETRES, le transport de chimiothérapies et celui des échantillons biologiques dans les laboratoires. 

 Il est prévu que ces robots soient transférés dans le nouvel hôpital en 2027. »