Interview : Transport de chimiothérapies, un robot assiste les soignants
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A l’occasion du Printemps de la Robotique, Eric LEMONNIER, Responsable logistique au CH de Cholet, est intervenu afin de partager son expérience sur l’installation d’un robot mobile autonome au sein du Centre Hospitalier.
M. LEMONNIER a pour mission principale la gestion des services logistiques de l’établissement, avec notamment la gestion globale des flux des services supports vers les unités de soins. Au centre hospitalier de Cholet, l’évolution et l’amélioration de la logistique hospitalière font l’objet d’une réflexion globale avec entre autres la mise en œuvre d’une « logistique des derniers mètres” au bénéfice des professionnels de santé.
Quelques chiffres pour présenter le CH de Cholet ?
« Le Centre Hospitalier de Cholet en 2020 c’est :
- Plus de 800 lits;
- 2 000 naissances;
- 735 000 repas produits;
- 1 000 tonnes de linge lavé. »
Quel était votre problématique et votre besoin initial ?
« Pour le Centre Hospitalier de Cholet, il nous fallait trouver une solution fiable et sécuritaire permettant de gérer des flux dans le cadre d’un projet avec une réorganisation de la logistique d’étage. Il nous fallait transporter des produits de pharmacie, plus précisément des chimiothérapies.
Et c’est à ce moment que Tony Perlemoine, Responsable projets logistiques au CHU de Nantes, nous a présenté sa solution de robotique autonome. »
Quelle solution avez-vous mise en place ?
« Sur sa journée d’activité, le robot va prendre en charge toutes les chimiothérapies. C’est-à-dire que de 8h45 à 16h45, le robot va effectuer des livraisons au fil de l’eau, en fonction du besoin. Les chimiothérapies sont donc commandées par les professionnels du service d’Oncologie et sont préparées au fur et à mesure pour être ensuite validées et livrées par le robot dès que celles-ci sont prêtes. Avec cette fluidité des envois, le temps d’attente diminue, le patient n’attend plus.
Chaque circuit est sécurisé : Lorsque le pharmacien utilise le robot, il s’identifie, dépose les chimiothérapies à l’intérieur de celui-ci, valide sa destination sur l’écran puis le robot s’en va livrer. Le robot, en quittant la pharmacie, passe une porte automatique et réserve l’ascenseur. A son arrivée dans l’unité de soins, les couloirs sont parfois encombrés et étroits, le robot fait preuve d’une grande agilité en se faufilant jusqu’à son point de livraison. Lorsque celui-ci rencontre un lit ou un brancard, le professionnel formé va effectuer une manipulation afin de déplacer le robot sur le côté et permettre le passage du lit ou du brancard, le robot reprend ensuite sa route.
Une fois arrivé à destination, le robot « se gare » à l’endroit prévu et contacte les agents au téléphone. Ce système fonctionne très bien.
En journée, XuP-Med va également pouvoir « relivrer » des médicaments. En effet nous travaillons sur des solutions de « plein-vide » au niveau des armoires de pharmacie. Des demandes effectuées par ordonnances peuvent venir compléter ces armoires avec des besoins particuliers en médicaments. Le robot est paramétré pour livrer chaque PC infirmier, nous optimisons vraiment son l’utilisation. »
Quelles sont les missions que le robot effectue la nuit ?
« A 16h45 le robot part se docker (=se ranger sur sa station de charge) aux urgences. Il reste à disposition des équipes et va gérer tous les flux sanguins des urgences vers le laboratoire jusqu’à 8h45 le lendemain matin. Sur un week-end, cela peut représenter en moyenne une vingtaine de kilomètres.
Le bloc obstétrical qui est situé à 300 mètres est également en mesure d’appeler le robot : cela évite aux agents de se déplacer, ils peuvent ainsi rester auprès des patients. »
Cette solution a-t-elle répondu à vos attentes et vos besoins ?
« Aujourd’hui cette solution fonctionne très bien. Concernant les flux, cette solution est performante, les temps de trajets sont réguliers : le robot va mettre en moyenne entre 4 et 5 min pour chaque mission, ce qui est très rassurant et sécurisant pour les professionnels.
Il est également important de souligner que les hôpitaux peuvent être souvent en travaux et cette solution robotique permet via le re-paramétrage d’une nouvelle cartographie de dévier et modifier ses trajets afin de s’adapter à un nouveau parcours. »
Quels sont les avantages pour vos équipes ?
« Auparavant c’est un agent qui descendait à la pharmacie et effectuait les livraisons, aujourd’hui il va pouvoir se consacrer à d’autres missions plus intéressantes et plus valorisantes.
Aujourd’hui, le robot est indispensable pour le personnel soignant. Ils ont appris à s’en servir et se sont adaptés à cet outil, qui a été baptisé « Walli ». Il est régulièrement pris en photo et filmé dans les couloirs. »
Avez-vous eu des demandes particulières concernant l’apparence du robot ?
« Nous avions choisi à l’hôpital de Cholet un robot d’une hauteur totale de 145 cm afin de faciliter son acceptabilité par les équipes et gérer les manipulations (IHM), mais aussi pour qu’il se fonde dans le paysage hospitalier. »
Et au niveau de la sécurité ?
« Ici chaque circuit est sécurisé, la personne qui va mettre les produits dans le robot ne pourra pas les réceptionner, c’est l’agent du laboratoire qui sera en mesure de récupérer la livraison une fois celle-ci arrivée à destination. La traçabilité des produits est garantie, elle est impérative. »
Le mot de la fin ?
« L’accompagnement pour la mise en œuvre de cette solution a été et reste un point important pour le CH de Cholet : lorsque vous avez une question vous avez une réponse très rapide par une équipe de professionnels identifiée qui en assure ce suivi.
Aujourd’hui le robot est utilisé par l’équipe de la pharmacie, mais aussi par agents des services hospitaliers, les aides-soignants, les infirmiers et les techniciens du laboratoire. En scannant leur carte, ils s’identifient, en fonction de leurs droits, la porte s’ouvre, ils peuvent charger et commander un flux ou récupérer les produits. Lorsque le robot a livré au laboratoire ou en Oncologie, il suffit après avoir récupéré les produits d’appuyer sur le message de l’IHM invitant à faire repartir le robot qui repartira aussitôt se docker. Chaque manipulation est tracée et chaque circuit est sécurisé. La plus belle des illustrations reste de venir voir sur place le fonctionnement
du robot et écouter les professionnels utilisateurs en situation réelle. »